Aimer c’est vouloir
Faire grandir l’autre
Toute la littérature ne parle que d’amour, l’homme consacre l’essentiel de son énergie à donner ou à faire en sorte de recevoir de l’amour. Qu’il est difficile néanmoins de définir ce qui est la quête de chacun.
Mais d’abord, est-il souhaitable de donner une définition à l’amour ? Ne vaut-il pas mieux laisser chacun le vivre à sa manière ? Peut-être, mais dans le même temps certaines personnes en asphyxient d’autres tout en ayant la conviction de les aimer. Une ébauche de définition aura donc le mérite de dissiper quelques confusions.
C’est un livre de Scott Peck (cf Rencontres) qui m’a conduit à définir l’amour ainsi : aimer c’est vouloir faire grandir l’autre.
Aimer c’est vouloir
qui d'autre ? Qui dit vouloir dit volonté, qui dit volonté dit également de manière implicite : énergie, effort, constance, discipline, obéissance, humilité... Voilà qui tranche de manière assez brutale avec la vision de l’amour colportée dans notre culture et qui se gargarise de coups de foudre et de romantisme.
Dans notre société, le sujet de l’amour est soigneusement évité par les éducateurs et chacun est livré à lui-même pour développer sa conception de l’amour. Pas tout à fait à lui-même puisque les livres et les films occupent le créneau et entretiennent allègrement cette vision d’un amour naturel et passionnel dans la continuité des contes pour enfants. Le rêve doit continuer...
Si l’amour était si facile et naturel, alors il serait déjà pour nous une deuxième respiration. On ne s’interroge jamais pour savoir si l’on a assez respiré et de la bonne manière au cours de la journée.
Retenons qu’aimer n’est pas si naturel et qu’aimer exige avant tout des efforts à soi-même.
Faire grandir l’autre
Dans ce "faire grandir l’autre" il y a d’abord l’idée fondamentale, et parfois négligée, qu’une personne qui aime se consacre au développement et à l’épanouissement de l’autre. On perçoit mieux l’énergie qu’il faut déployer pour un tel résultat.
Ce "faire grandir l’autre" peut aussi recouvrir une autre dimension. Nous avons probablement tous fait l’expérience que donner c’est aussi recevoir, une exemple tout simple : j’arrose cette plante qui produit en retour une fleur magnifique.
Nous avons deux angles pour analyser cet exemple : l’angle du don et l’angle du gain.
- Sous l’angle du don, nous voyons la générosité de cette personne se dévouer à la survie de la plante.
- Sous l’angle du gain, nous voyons cette personne se dépenser pour bénéficier de l’apport d’une fleur dans son cadre de vie.
N’ayons pas honte de regarder l’acte d’aimer sous l’angle du gain. Si l’autre grandit alors quel est mon gain ? Il est inestimable, si l’autre grandit alors il est mieux à même de me faire grandir à mon tour, c’est une sorte de cercle vertueux que l’on peut résumer par "aimer c’est s’aimer soi-même".
Ce qui me plait dans cette conceptualisation de l’amour, c’est la mise en évidence que l’élan d’aimer l’autre, l’élan de se consacrer à l’autre, cet élan vers l’extérieur de nous est un élan qui inévitablement revient vers nous et nous bonifie nous-même.
Amour et égoïsme ne sont pas incompatibles, on peut même voir dans l’acte d’aimer un acte altruiste aillant des finalités égoïstes. C’est peut être un paradoxe de l’amour. C’est pour moi une prise de conscience fondamentale et motivante.
En guise de corollaire, nous pourrions traduire "donner c’est recevoir" par "aimer c’est recevoir l’amour".
"Le meilleur moyen de trouver l’amour est de le donner ; le meilleur moyen de le perdre est de le retenir prisonnier ; et le meilleur moyen de le garder est de lui donner des ailes." Nancy Sims.