Il etait un vieux couple heureux
Présentation de l'éditeur Il était une fois, effectivement, un vieux couple heureux. Des berbères de la montagne marocaine, soumis au rythme doux de la vie villageoise, à l'observation des saisons et des couleurs du ciel. Le vieil homme, revenu d'un passé agité, passe ses journées à calligraphier en langue tifinagh, héritée des anciens touaregs, un long poème à la gloire d'un saint. Sa poésie sera chantée à la radio, diffusée en cassettes, imprimée et reconnue. Les portraits de visiteurs, étudiants américains ou amis revenant de l'étranger, ou de héros locaux promis à la désuétude, tel le forgeron africain, agrémentent le rythme austère des journées, scandées par la cérémonie du thé ou la préparation des plats ancestraux, dont un délicieux couscous aux jeunes pousses de navet. Tout en maugréant contre la « modernité fanfaronne » et ceux qu'il appelle les « parvenus », il entreprend un nouveau poème sur le thème de l'arc-en-ciel. Loin des fulgurances et des éclats flamboyants et sombres qui ont fait sa gloire, l'auteur d'Agadir et du Déterreur, mort en 1995, nous livre ici plus qu'un testament : le roman de l'apaisement qu'il avait tant rêvé. L'auteur vu par l'éditeur Né en 1941, à Trafraout, dans le Sud marocain.
Après des études secondaires à Casablanca, Mohammed Khaïr-Eddine travailla un temps dans la fonction publique, avant de se consacrer à l'écriture. Il publia ses premiers poèmes dans La Vigie marocaine avant de collaborer dans les années 60 à la revue Souffles qu'animait le poète Abdelatif Laabi. Il s'installa en France, en 1966, et publia, l'année suivante, Agadir (Seuil). Suivront, chez le même éditeur, Corps négatif suivi de Histoire d'un bon dieu (1968), Soleil arachnide (1969), Moi l'Aigre (1970), Le Déterreur (1973), Ce Maroc ! (1975). Son dernier recueil de poèmes, Mémorial, parut au Cherche midi éditeur en 1991. Mohammed Khaïr-Eddine retourna au Maroc en 1993, où il mourut deux ans plus tard, à Rabat. Mohamed Khair-Eddine Écrivain marocain (1941-1995) Né à Tafraout (sud du Maroc) en 1941 dans une famille de commerçants. Il a vécu à Agadir (1961-1963), à Casablanca (1963-1965), puis 15 ans à Paris (1965-1979) où il y publie beaucoup et anime pour France-Culture des émissions radiophoniques nocturnes, il se marie et a un fils. Il rentre seul au Maroc en 1979, d’un coup de tête dira-t-il. En 1989, il est à nouveau à Paris où il renoue avec le théâtre. Il est mort à Rabat en 1995. Ses œuvres, interdites aux Maroc de son vivant, ont commencé à être rééditées en 2002. « Écrivain de l’exil, exilé de l’écriture. Mohamed Khaïr-Eddine a longtemps cultivé cette particularité qui a façonné son mythe et singularisé son style. L’adepte de la “Guerilla linguistique” s’est lancé très tôt dans la quête de nouvelles formes d’expressions qui révolutionnèrent, en son temps, les principes fondamentaux de l’écriture maghrébine de langue française. »
(par Mahjoub Haguig, Maroc-Hebdo, juin 2002)