La diplomatie est un art de représentation et de négociation politiques au service de la paix.
De représentation, car elle représente le pouvoir politique. La diplomatie s’exerce grâce aux principes qu’elle reçoit de la politique, qui lui donne ses objectifs et ses moyens. Elle s’accomplit grâce à la légitimation que le pouvoir politique donne aux résultats qu’elle obtient, en ratifiant ses actes. Dans ce sens, la diplomatie est l’une des dimensions d’un projet politique précis qui lui donne son sens.
La diplomatie est aussi un art de la négociation car le diplomate agit sur un terrain changeant et incertain : celui des relations internationales. Même si le diplomate reçoit son autorité du pouvoir politique, ce dernier ne peut pas tout maîtriser. Les relations internationales produisent des événements, des changements parfois importants, obligeant le diplomate à faire preuve de discernement personnel, d’habileté d’adaptation, de compétence dans la prise de décisions, d’aptitude pour l’improvisation rapide et efficace.
Dans sa fonction de servir la paix, le diplomate va agir tantôt en représentant du pouvoir politique ayant un rôle de reproduction, tantôt en négociateur ayant un rôle d’inventeur. Dans ce sens, le diplomate peut s’avérer comme étant un acteur de premier ordre dans la maîtrise d’un art de la paix. Car la diplomatie exclut aussi le recours direct à la force, mieux encore : sa mission est celle de montrer, par ses résultats et par ses méthodes, que l’utilisation de la violence dans les relations internationales ne peut être qu’un ultime recours. C’est pour cette raison que lorsqu’un État déclare la guerre à un autre les relations diplomatiques sont coupées. Il est possible donc d’affirmer que la diplomatie est l’art de gérer les relations internationales avec des moyens pacifiques et ayant comme objectif permanent l’établissement d’accords pour sauvegarder la paix.
La diplomatie est donc une affaire de résultats mais aussi de méthodes. Elle doit rendre compatibles les intérêts précis du pouvoir politique avec les exigences pour la paix d’une manière pacifique, non sans conflit, mais sans utilisation de la violence. Le vif du sujet n’est donc pas uniquement le contenu du dialogue entre les parties mais le fait que les parties aient entamé effectivement un dialogue. C’est la diplomatie qui produit cette rencontre, qui précise les conditions pour la négociation, qui peut réunir des ennemis autour d’une même table de négociations. Pour cela une exigence première : donner aux adversaires une raison commune pour dialoguer. Autrement dit : ouvrir des perspectives, proposer un projet, fournir du sens.
Cependant, la diplomatie n’est pas autonome face à la complexité des relations internationales : puisque celles-ci sont tellement changeantes, les résultats de la diplomatie, accords, traités, alliances, etc. sont aussi fragiles que la réalité qui leur a permis d’être établis. Ils peuvent durer des années, ils peuvent aussi être adaptés, changés ou remplacés, ils peuvent aussi être balayés du jour au lendemain par la force de la violence ou de la guerre. Malgré ses échecs, la diplomatie a cela de légitime : en imposant la raison à la place de la force comme moyen privilégié des relations internationales, elle est un facteur de paix.
Dans un contexte de mondialisation, la diplomatie exerce une fonction non moins importante : elle montre à chaque État qu’il n’est pas seul au monde et qu’il ne peut pas agir sans prendre en compte les autres États. La diplomatie aide les États à prendre conscience de leur interdépendance. Si elle ne rend pas toujours les États plus pacifiques, elle peut les rendre plus responsables et plus solidaires