Quand on chôme
Quand on chôme
On est comme des pommes
De terre jetées par terre:
On pourrit.
Quand on chôme
On se cache et joue à cache-cache
Comme des souris.
Quand on chôme
On se souvient de Dieu
Et l'on prie.
Mais quand on ne chôme plus
On ne prie plus.
Quand on chôme
On devient fou:
On brûle et on casse;
Quand on ne chôme plus
On devient plus doux
Que Julio Iglisias:
On devient des pommes bien emballées;
On s'exhibe comme des princes au palais,
Et l'on parle des chômeurs
Comme d'un match de foot.
Un vrai régal
Non, on ne met pas de farine
Dans un tajine;
On n'y met que la meilleure viande
Et les meilleures légumes,
De l'huile aussi,
Des épices, et du sel.
Ne me dis pas que tu ne sais pas
Ce que c'est qu'un tajine.
Tu sais bien que c'est un régal
De prendre place
Autour d'un tajine
Cuit à feu doux sous un olivier
Loin des vaches et des coquelicots
A l'abri du soleil de midi.
Et après le tajine,
On prend du thé:
Mais du thé à la menthe et à la chiba.
Oh comme il est doux!
De manger et de boire au douar
Tout près de grand-mère
Et des petits.
Du thé
C’est bon Coca-cola.
Mais je préfère du thé, s’il te plaît !
C’est bon du thé avec du méchoui,
Non ?
Même avec du couscous
Je n’aime pas boire ce coca.
Ce que j’aime, moi, c’est
M’asseoir là, sous cet arganier,
Du rôti à la main
Et du thé;
Et, du fond du cœur de Radio Rabat,
Vient la voix de Rouicha
Chanter l’amour des montagnes.
Je ferme alors les yeux :
Je vois la neige et l’amour des sourds,
J’entends le guenbri pleurer à qui veut l’entendre ;
Et je pense à mon âme jumelle,
Celle qui est là-bas à Rabat.
Là-bas
Là-bas à Rabat j’ai un cœur qui bat
J’ai des lèvres qui, comme des lièvres,
Courent après celle qui, sans ailes,
Vole à travers ciel
Où l’on peut voir, matin et soir,
Des étoiles portant le voile
Dont la Lune fait la Une
De son journal !
La Lune, cette belle brune,
Ecrit, et crie, qu’elle aime
Celle que j’aime
Et que je ne connais pas.
Que m’importe ! Je fais en sorte
Qu’elle soit là-bas à Rabat.
Je l’aime. Je l’aime.
Je l’aime dans son voile.
Je l’aime chair et poil.
Et je l’attends tout le temps
Comme les gens des dunes
Attendent la lune.
Oui, je l’attends. Oui, je t’attends !
Et c’est de moi que tu te caches, chérie ?
Moi qui, si je ris,
Je ne ris que pour toi ?
Moi qui, si je chante,
Je ne chante que pour toi !
Et toi, qui me hantes,
Tu te caches de moi ?
Le printemps
Le printemps craint son
Départ avant de lancer
Un dernier regard
Sur tes yeux élancés
Oh, quel honneur pour toi !
Quel bonheur pour moi !
Tu sais pourquoi, chérie ?
C’est parce que dans tes yeux
Brille
La foi de ton âme
Comme brillent
Les flammes dans le corps
D’une femme.
Tu sais, chérie ?
Quand tu prie,
Le printemps sourit !
Et moi, j’ai les larmes aux yeux,
J’ai le ventre creux
Car je ne peux plus ni manger ni boire :
Je reste là à te voir
Prier Dieu
Jusqu’à ce que tu aies
Les larmes aux yeux !
Tu sais ?
J’ai envie de dire, mon amour :
Prête-moi des yeux de velours
Ne fût-ce que pour un jour !
Je veux sentir le plaisir
Que le printemps sent
Quand il regarde tes yeux
S’élancer vers Dieu !